Une jeunesse dont le lieu de travail est Facebook devrait être la prochaine génération milliardaire d'Haïti... Certaines personnes interprètent mal les autres. Je croyais que c'était sur facebook que cette situation était devenue plus évidente. C'est faux ! Cela est dû, peut-être, à plusieurs facteurs notamment à une capacité insuffisante de cerner ce qui est dit. Trop souvent celui qui commente ne tient pas compte du contexte dans lequel ce qu’il commente est dit ou écrit. Et quand cela arrive, croyez-moi, il fait mal à l’esprit et insulte l’intelligence.
En effet, je participais à une émission où on me posait plein de questions quand soudain le mot irritant fut prononcé. D'abord, j'ai voulu montrer que le nombre de jeunes qui ont un compte facebook actif avec au moins 2 publications par jour depuis l'avènement de l'Internet mobile en Haïti est très élevé. C'est un nombre important, mais inquiétant.
J'ai dit inquiétant, parce que ces jeunes n'utilisent pas forcément leur compte facebook pour entreprendre une initiative positive pour eux-mêmes ou pour leur communauté. Par exemple, les adolescents haïtiens ne montent pas sur internet pour effectuer des recherches afin d'être plus performants à l'école, à la faculté ou dans la vie; ni pour lire des articles scientifiques et en faire des résumés afin d'avoir une culture générale riche et une meilleure compréhension du monde; ni pour chercher du travail ou démarrer une carrière professionnelle; ni pour rencontrer une personne capable d'impacter positivement leur vie professionnelle etc.
En suite, j'ai expliqué que le pays n’était pas forcément responsable de l'incapacité de la jeunesse haïtienne, une jeunesse improductive, mais l'inverse était plutôt vrai. C’est-a-dire, si nous avons un pays misérable aujourd'hui c’est parce que la jeunesse d’hier n’a pas été responsable assez, et que demain, les choses n’auront pas changé parce que justement la jeunesse d’aujourd’hui branchée sur facebook aura été irresponsable, improductive et non compétitive.
J'ai également montré de manière rationnelle qu'avec un niveau de compétitivité presque égale à zéro quand je compare ce que font nos jeunes en Haïti sur internet avec ce qui se fait à l'étranger, on ne peut rien espérer de cette génération qui irait dans le sens d'une Haïti branchée technologiquement avec objectifs de croissance économique et intellectuelle.
J'ai précisé que le bas niveau de productivité de nos jeunes même en étant connectés sur internet aurait un impact négatif considérable sur le pays dans au moins 20 ans. Il suffit de considérer les publications qui se font, lire les commentaires relatifs pour comprendre. Il arrive que des jeunes filles et garçons passent plus de 16 heures de temps sur facebook, soit plus de la moitié d’un jour. Ils y font quoi?
Certainement, pour la plupart, ils ne font pas de recherches ni ne lisent sur le réseau social. Mais ils y passent leur temps à rigoler, à faire des commentaires futiles et publier leur corps nu. Ainsi, la Génération Facebook n’est pas l’Espoir d’Haiti, ai-je précisé et du même coup conclu.
En revanche, j’étais étonné d'entendre les commentaires d'un ami qui parlait de conspiration contre la jeunesse et croit que je suis venu avec l’expression Génération Facebook pour déstabiliser les jeunes, et blablabla… En somme, j’estime qu’il y a là un problème de vocabulaire: blâmer ne veut pas dire Conspirer, responsabiliser ne veut pas dire déstabiliser…
Charles Philippe BERNOVILLE
Président de PROFILE AYITI
Novembre 2015.