En 1998, l'Organisation des Nations Unies estimait que 4 millions de personnes se prostitueraient annuellement, ce qui générerait entre 5 et 7 milliards de dollars américains de profits.
Aujourd'hui, la prostitution demeure le seul moyen sûr pour un jeune garçon ou une jeune fille de gagner sa vie en Haïti avec aucun risque de perdre sa dignité puisque la société haïtienne ne fait plus de débats sur les valeurs ni sur les vertus.
Je signale tout de suite que je n'ai pas l'intention de faire la promotion du commerce de la chair. J'estime seulement que le sujet n'est pas assez traité par la société haïtienne ni par les autorités publiques. Alors que c'est un gros marché économique qui pourrait constituer pour l'État une source de revenus moyennant sa légalisation après débats.
Selon le « Trafficking Persons Report » publié en 2010 par le Département d’État américain, la prostitution forcée des Dominicaines se fait dans des maisons closes en Haïti et sont fréquentées régulièrement par les soldats de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Il faut noter que les dominicaines sont classées quatrième dans le monde, derrière les Thaïlandaises, les Brésiliennes et les femmes de Philippines en terme de nombre de prostituées travaillant à l’étranger, d'après un rapport de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM).
Selon Sabine Dusch, la prostitution engendrerait un chiffre d'affaires mondial de 60 milliards d'euros. D'où la nécessité d'organiser des débats sur la question en Haïti en vue de cerner les chiffres après enquêtes et regarder une possibilité de légalisation de ce commerce.
La prostitution est par définition un échange économico-sexuel négocié. Son statut légal varie selon les pays, mais les chiffres parlent. En 2010, les revenus annuels de la prostitution sont estimés à plus de 187 milliards de dollars dans le monde.
En effet, trois conceptions de la prostitution produisent trois approches politique sur sa pratique, selon mes recherches: l'approche réglementariste, l'approche abolitionniste ou néo-abolitionniste et l'approche prohibitionniste. La prostitution est l'objet de débats dans plusieurs régions du monde entre politiques, intellectuels et féministes. Certains sont en faveur de sa légalisation et d'autres sont en faveur de son interdiction ou son abolition.
La philosophe américaine, Judith Butler, estime que toute féministe digne de ce nom devrait s'occuper de la syndicalisation des prostituées et regrette que les positions abolitionnistes et prohibitionnistes privent de la capacité de consentir.
Je rappelle que dans le temps ceux qui possédaient des esclaves pouvaient en user sexuellement. C'est pourquoi qu'on avait exclu la femme esclave du champ d’application des lois sur l’adultère. Par exemple, son compagnon ne pouvait ni l’accuser d'adultère ni la frapper ni la quitter même s'il la voyait dans un échange sexuel avec un colon.
En Haïti, les lois n'interdisent pas l'échange de rapports sexuels pour l'argent. Dans d'autres pays la prostitution est légale et réglementée.
Enfin, du débat sur la légalisation de la prostitution en Haïti, on pourra, selon moi, considérer deux situations distinctes: la première, c'est que la prostitution est considérée comme un commerce autorisé et socialement accepté. Il n'y a pas une loi spécifique qui l'interdit ni des groupes sociaux qui la dénoncent; la deuxième, c'est que la prostitution pourrait être légale et réglementée par une loi spécifique autorisant explicitement et pleinement cette pratique moyennant le respect de certaines conditions dont l'enregistrement de la prostituée auprès d'un organisme compétent ou spécialisé, les contrôles réguliers de santé et le paiement des taxes. Bref, du débat sur l'orientation professionnelle, ma conclusion ressemble à ça : "laissez votre passion vous mener à votre profession, sauf prostitution !"
M. Charles Philippe BERNOVILLE
Président de PROFILE AYITI