J'ai toujours été contre la procrastination, cette dangereuse tendance à ajourner, à reporter ou à remettre nos travaux les plus importants à demain. J'ai toujours expliqué aux gens qui me sont proches que l'action et le temps sont étroitement liés, et que ce lien est sacré. Certains y ont cru, et d'autres, non. Et pourtant, il suffit de regarder la vie de ceux qui reportent régulièrement leurs projets à demain pour comprendre. En fait, c'est leur vie qu'ils reportent. Cela dit, vous et moi en connaissons déjà le résultat, passons à autres choses!
Je suis, en effet, de ceux qui croient qu'il faut appeler les choses par leur nom. Je crois, par exemple, qu'un échec doit s'appeler un échec, et qu'il le demeure jusqu'à ce qu'on le change, c'est-à-dire jusqu'à ce que nous construisons notre succès à partir des leçons tirées de cet échec factuel.
Mais comment l'appeler autrement et pourquoi?
Nous pouvons toujours philosopher sur l'échec ou sur la réussite, c'est notre droit le plus entier. Mais nous devons nous rappeler toujours que la vie nous mettra devant des faits au moment opportun. Nos amis et notre famille ne seront pas toujours là pour philosopher avec nous. Le moment viendra où nous serons obligés d'affronter les réalités quotidiennes d'une manière ou d'une autre avec objectivité et réalisme.
En effet, il était peut-être triste de constater que seulement à deux jours de l'an 2016, certains n'avaient pas encore atteint les objectifs qu'ils s'étaient fixés pour l'année 2015 au moment où j'écrivais les premiers mots de ce texte deux fois édité. C'est valable pour l'année suivante, l'année suivante et l'année suivante, n'est-ce pas? Les années sont en train de s'en aller, mais nos projets restent irréalisés ou non-réalisés
Par exemple, pour l'année 2015, je m'étais fixé 365 objectifs avant de les réduire à 12 plus structurés. J'ai même failli entravé le développement de Profile Ayiti. Il fallait que je fasse cet effort intellectuel pour comprendre que certains objectifs ne sont pas vraiment des objectifs à proprement parler. Ce sont juste des choses qui doivent se produire dans notre vie par le simple fait que nous acceptons de vivre. Point.
Donc, selon mon emploi du temps, je m'étais dit que je devais atteindre un objectif par mois pour réussir mon coup. Cependant, je n'avais jamais écarté la possibilité d'atteindre mes 12 objectifs en un seul mois ou en deux, ni la possibilité de les rater tous à la fin de l'année. En revanche, j'avais établi des plans plus secondaires en cas d'échec.
Des 12 objectifs que je m'étais donnés à atteindre, j'ai réussi 8, j'ai raté 3, et au 30 décembre de l'année, j'étais encore dans un sacré dilemme avec un autre. Si je ne parvenais pas à décider de ce que je voulais en faire dans les 24 heures qui suivaient, ce serait pour moi un autre objectif de raté. Cependant, à 8 sur 12, je considérais que c'était bien, et je m'en réjouissais déjà pleinement.
Pour résumer, nous ne réalisons pas toujours nos projets en période de grandes crises sociales, économiques et politiques. C'est le cas, par exemple, du Gouvernement haïtien. Les élections, vous vous rappelez? C'est peut-être aussi le cas de plusieurs d'entre vous. La différence c'est que quand l'État n'atteint pas ses propres objectifs, il entrave et paralyse les rêves du citoyen le plus dévoué de la République.
En revanche, passer à côté des objectifs que nous nous sommes fixés est déplorable, même si nous pouvons toujours nous expliquer ou nous en excuser. Le vrai souci c'est lorsque nous ne sommes pas capables de nous rendre compte que nous avons raté quelque chose d'important dans notre vie en passant à côté de nos objectifs. Selon moi, cela est abominable et ne doit pas toujours s'expliquer.
En Haïti, quand les décideurs politiques échouent et que le moment venu de présenter leur bilan, ils disent que tout le monde est coupable ou responsable, et qu'il faut partager les responsabilités de l'échec. Mais, comment partager l'échec si on n'avait pas partagé préalablement le privilège de planifier ensemble la réussite? Donc, pour moi, cela n'a pas de sens, et généralement, ce sont les esprits légers qui font ces déclarations. Les esprits plus structurés et plus organisés ne s'expriment pas ainsi. Allez donc vérifier!
Par conséquent, comme le veulent le principe et les dieux, vous ne changerez pas une formule seulement si elle est gagnante. C'est valable pour la Formule que vous appliquez dans votre vie. Si elle vous fait gagner, alors ne la changez pas, continuez de jouer avec cette formule gagnante, car votre succès en dépend. Mais, si elle vous fait perdre, choisissez-en une autre! À vous qui lisez ce texte, heureuse année nouvelle!
M. Charles Philippe BERNOVILLE
30 Décembre 2019.