Contrairement à ce qui est généralement raconté, nos ancêtres ont fait des sacrifices énormes pour nous léguer la terre d'Haïti, mais surtout pour nous laisser un pays politiquement libre, socialement juste et économiquement autonome. Malgré les difficultés de l'époque, ils se sont battus contre le visible et l'invisible afin de réorganiser la production, non seulement pour la consommation locale, mais aussi pour l'exportation.
Au lendemain de l'indépendance nationale, sachant qu'ils ne pourront pas retourner en Afrique et que leur patrie est ici, en Haïti, nos ancêtres se sont vite mis à non seulement planifier la sécurité de leur territoire, mais également à définir une politique économique durable propre à eux, c'est-à-dire selon leur compréhension de ce que doit être l'économie haïtienne; et à concevoir une organisation socio politique soutenable. Leur projet fut immense, leur rêve, considérable.
En effet, en mai 1805, soit un an et quatre mois après la proclamation de l'indépendance, l'Empereur Jean-Jacques Dessalines fait publier une constitution dite Constitution Impériale de 1805 par laquelle la direction que doit prendre la nation haïtienne est clairement définie, fièrement établie et dument prescrite.
Sachant qu'il ne suffit pas d'être libre et indépendant, mais qu'il faut travailler pour refaire la santé de l'économie nationale en réorganisant l'agriculture et l'élevage, les dirigeants haïtiens notamment Jean-Jacques Dessalines et Henry Christophe renvoient tous les citoyens au travail. Cette fois, au lieu de travailler comme des bêtes pour le compte des blancs, les Haïtiens se mettront au travail pour leur propre compte, c'est-à-dire pour leur épanouissement ou développement personnel, pour le développement de leur pays et enfin pour leur émancipation sociale et économique dans une logique de communauté.
Par conséquent, le travail devient pour les décideurs politiques et pour les citoyens haïtiens l'instrument fondamental de consolidation de leur liberté fraîchement conquise s'il n'est pas la liberté elle-même. D'où la fameuse expression créole "travay se libète". C'est ainsi que l'Empereur Jean-Jacques Dessalines fait mentionner dans la constitution de 1805, à l'article 11, ce qui suit: "Tout citoyen doit posséder un art mécanique". Cela signifie littéralement "tout citoyen doit avoir un métier, une profession". En d'autres termes, l'oisiveté est légalement interdite sous la gouvernance de Jean-Jacques Dessalines, premier empereur d'Haïti.
En fait, il est important de noter que les arts mécaniques relèvent de la science pratique. C'est un ensemble d'applications techniques. Par exemple, au 12ème siècle, Hugues de Saint-Victor présente une liste d'arts mécaniques qui comprenait la fabrication de la laine, l'armement technique, la navigation, l'agriculture, la pêche, la chasse, la médecine et le théâtre.
Pour conclure, à ceux-là qui ont toujours tenté de faire croire que nos grands-parents ne savaient ni lire ni écrire et auraient donc commis l'irréparable erreur de conquérir trop tôt leur indépendance, nous disons qu'ils n'en savent absolument rien, et qu'ils feraient mieux d'étudier notre histoire avant de raconter des choses abracadabrantes. En revanche, notre question est la suivante: les Haïtiens d'aujourd'hui sont-ils vraiment paresseux ou sont-ils trop célestes?
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Pour études complémentaires, PROFILE AYITI vous recommande "Hugues de Saint-Victor, 1096-1141; Constitution impériale d'Haïti, 1805.
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M. Charles Philippe BERNOVILLE
Président et directeur des recherches.